Philippe Ragueneau raconte…

Année 1998
Philippe Ragueneau raconte…
Catherine Anglade est morte le 4 juin 1994 à l’âge de 64 ans… Son mari Philippe Ragueneau se retrouve alors en état de choc, puis peu à peu la solitude le gagne…. « Pourtant, dit-il, exceptionnellement, ce soir je ne pensais pas à elle quand tout d’un coup j’ai sursauté en entendant une phrase : « Mon bohomme ». Les mots me sont arrivés dans le cerveau. Je n’ai eu aucun doute, c’était elle. Elle était morte depuis un mois.

Les jours suivants, mais c’était bizarre, j’avais l’impression que les paroles étaient hautes et claires. D’autres fois, il me semblait me souffler à moi-même les mots que je voulais entendre… Devenais-je fou ? Je suis d’un naturel rationaliste, voire sceptique… Je reçus alors une explication de Catherine : « Mes mots t’arrivent dans ton cerveau. Ils y trouvent tes mots. tout cela se mélange. Il faut que tu ne penses à rien, que tu fasses le vide et tu m’entendras ».

Eh bien, ça marche ! Nous parlons du quotidien. Au début, j’ai voulu en savoir plus… Quel était son Univers ? Ses occupations ? Elle m’en a très peu dit… tout d’abord nos mots ne conviennent pas à ce monde, ensuite ils ont un devoir de réserve… Enfin elle vit dans ce qu’elle appelle « le premier cercle de lumière ». Dans ce cercle, le corps devenu immatériel, conserve toutes ses facultés. Elle entend, elle voit, elle sent le froid ou le chaud mais elle ne souffre pas… Ce corps est une étape intermédiare… C’est elle qui a demandé de rester dans ce premier cercle… Car il y a d’autres cercles de compréhension accrue. C’est son choix. Voilà pourquoi elle pouvait communiquer avec moi.

Ces cercles sont des paliers successifs, autrement-dit, l’âme, arrive avec ses faiblesses et doit s’habituer à ce nouvel univers qui est de l’ordre de l’incommunicable…

La mission de Catherine se résume en trois mots : le conseil, la recommendation et la mise en garde… Je sens très fortement sa présence, le chat aussi. Le poil est hérissé, les yeux exorbités, il observe quelque chose… Thérèse l’infirmière lors d’une promenade que nous faisions ensembles à entendu : « Non. Pas par là ». C’était bien à gauche qu’il fallait aller. C’était une injonction bien forte qu’elle a identifiée comme venant de Catherine…

« Tu doit raconter cette histoire pour que ceux qui pensent que la mort est un trou noir dans lequel on disparaît à jamais apprennent que la mort ne sépare pas ceux qui s’aiment ; qu’ils peuvent se parler, s’aider… ». Pourquoi d’autres ne pourraient-ils pas vivre la même chose ?