Des états… très difficiles.

Réflexions et TémoignagesAnnée 2000
Des états… très difficiles.
Il y avait un navire. Il se nommait Terre. Il voguait sur un océan. Cet océan se nommait Univers. Un jour, ce navire se perdit. Et tous ses occupants se plongèrent dans leurs cartes afin de retrouver le chemin qui mène au Pays Merveilleux. Et la houle se fit sentir. Et un marin s’en inquiéta. Et un autre marin cria « Ce n’est rien. La houle est normal. Cherche le chemin sur la carte » Et la houle se fit plus forte. Et un marin s’en inquiéta. Et un autre marin cria « Que t’importe… Ne t’inquiète pas. La houle est normal sur l’océan. Cherche le chemin ». Et c’est ainsi que personne ne vit venir la tempête sur le navire. Et le navire fût détruit. Et tous ses occupants périrent.
« Nous vivions dans la vallée avec les peuples de Sodome, de Gomorrhe et de Babylone. Nous trouvions cela normal. Il faut dire que notre sens critique n’était pas très développé. Notre vie était agréable bien que parfois difficile. Dire que nous étions prospère serait un bien grand mot. Nous avions tous quelques petits problèmes mais rien de catastrophique… Les aléas de la vie en somme…
Que d’insouciance… Que de naïveté… Que de bêtises et d’erreurs…

Un jour, le temps a changé et les récoltes sont devenues de moins en moins abondantes. Le comportement des peuples de la vallée a changé. La vie est devenue beaucoup plus difficile. Fallait-il devenir des monstres pour survivre ?

C’est alors que l’incroyable se produisit… Un jour, alors que nous étions aux champs, des nuées et des lumières descendirent des cieux. La Force se manifesta.
Certains d’entre nous voyaient et d’autres ne voyaient pas. Certains d’entre nous entendaient et d’autres n’entendaient pas. Ce fût plus qu’un choc. Il est impossible de dire avec des mots quelles furent nos pensées et nos sentiments à ce moment. Certains d’entre nous en furent affligés pendant des semaines et des semaines. D’autres en perdirent la raison. Certains même en moururent…

Tout naturellement, nous témoignâmes auprès de nos semblables. Mais après cela, il fallut affronter les autres peuples de la vallée. Nous fûmes persécutés. Quelle dilemme: fallait-il quitter nos vies et partir ou fallait-il se battre contre nos frères pour rester ?

Les Messagers nous dirent de partir car la vallée serait bientôt détruite et tout ces habitants avec elle. Ils nous indiquèrent une montagne et nous partîmes vers cette montagne…
Qu’attendions-nous ? Qu’espérions-nous ? Nous cherchions la paix, la tranquillité, l’harmonie et la sagesse. Je ne suis même pas certain que nous cherchions la Connaissance…

Les premiers pas au pied de la montagne étaient prometteurs: Forêts luxuriantes, sources et gibiers abondants. Tout était si merveilleux alors que nous n’étions encore qu’aux premiers éboulis de l’enfer. Les délires les plus fous nous ont envahi sur ce que nous allions trouver au sommet. Nous étions tellement transportés par la joie et l’allégresse que nous ne sentions pas la fatigue.

Nous nous sommes vite rendu compte que la montagne était beaucoup plus vaste que nous l’avions imaginé et que le voyage serait beaucoup plus long que prévu.
Étant donné les circonstances de notre départ et de notre arrivée, quelle ne fût pas notre surprise de trouver des villes et des habitants au début de notre ascension… des villes désertes et des hommes ayant perdu la raison… Nous avons traversé d’innombrables contrées…Plus nous progressions, plus le chemin s’allongeait. Tel était notre impression. Plus le chemin devenait escarpé et étroit, plus les éléments semblaient se liguer contre nous. Que de monstres nous avons combattu… Combien d’entre nous ont péri sur le chemin abrupte et dans les batailles ?

Pour finir, un sentiment amère nous envahit. Valait-il mieux périr bêtes dans la vallée par la main des Juges ou être détruit ici par les créatures des ténèbres en étant à la fois si loin et si près du but ? N’y a-t-il que des monstres sur cette montagne ? Où sont passés les lumières, les nuées et les Messagers qui nous ont conduit en ce lieu ? Sommes-nous encore si loin du sommet ? Il n’y a que ténèbres autour de nous.

Bloqués dans cet endroit désert et inhospitalier, harassé par la fatigue nous avons construit un fort afin de nous reposer, de nous protéger, de mieux nous défendre et ensuite de reprendre notre progression. Quelle ne fût pas notre horreur de voir les légions des ténèbres venir nous assiéger. Devant ce rapport de force ridicule nous avons envoyé des messagers pour expliquer notre situation et ramener de l’aide…

Combien de royaumes parcoururent nos messagers ? Dans certains royaumes, on n’accorda même pas audience à nos messagers. Dans d’autres, on les massacra. Quel ne fut pas notre dégoût de voir d’autres armées – ayant appris notre position- venir nous assiéger ? … Et pourtant, ils ne ressemblaient pas à des démons… Ils ressemblaient à nos frères. Quelles pouvaient bien être leurs motivations ?
Certains royaumes contactés nous renvoyèrent nos messagers avec des conseils, des recommandations. Certains mêmes osèrent nous dire que les ténèbres n’existent pas…

Mais aucun des royaumes contactés n’envoya d’armées. Rien. Pas de vivres. Pas d’armes. Pas d’armures. Les monstres qui nous assiègent sont ruisselants d’or. Leurs moyens sont tels que leurs armées semblent s’étendre à l’infini. Mais pour la Gloire de Dieu, pour notre progression, pour notre Salut, il n’y a pas un denier… A croire que tout a été englouti dans la construction des Temples de la vallée…

De rares royaumes se sont demandés si nous méritons ou non leur intervention… Ils nous ont renvoyé notre messager avec le message suivant: ‘Priez ! Priez de toutes vos forces et vous serez sauvés.’ Et pendant leurs débats nous agonisons sous les attaques de ces créatures… Et nos prières n’y changent rien… Et leurs prières en notre faveur n’y changent rien… Pendant combien de temps encore résisteront nos armures ? N’y a-t-il plus que quelques Chevaliers et résistants isolés qui n’ont pas beaucoup plus de moyens que nous ?

 À nous le Temple. A nous les Chevaliers du Christ. Où sont les puissantes armées de Galaad ? Qui nous sauvera ? »

[Arnaud. – le 04-09-00]